Theory and History of Ontology (www.ontology.co)by Raul Corazzon | e-mail: rc@ontology.co

Platon, Le Sophiste. Bibliographie des études en Français (M - Z)

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The Philosophy of Plato

Bibliographie

  1. Malverne, Lucien. 1958. "Remarques sur le « Sophiste »." Revue de Métaphysique et de Morale no. 63:149-166.

    "Comme tous les systèmes, la philosophie platonico-aristotélicienne du concept s'est posée en s'opposant. Elle avait à surmonter les difficultés inspirées aux Sophistes par la méditation des Présocratiques, et presqu'aucune de ses thèses ne fut forgée autrement qu'à l'occasion d'une polémique engagée contre la Sophistique ou l'Eristique issues des Eléates ou d'Héraclite. Dans le débat ainsi ouvert devant l'histoire, la philosophie occidentale à peu près tout entière s'est prononcée contre les Sophistes ou les Mégariques, en faveur de Socrate, Platon et Aristote. Devons-nous considérer cette cause comme entendue ? D'un précédent travail consacré aux réfutations de Zenon par Aristote (2), au contraire, nous avions cru pouvoir conclure qu'en ce qui concerne au moins le débat entre adversaires et partisans du changement, le choix demeurait libre. Nous nous proposons aujourd'hui de reconsidérer la réfutation qu'opposa Platon aux néo-éléates de Mégare, selon lesquels l'impossibilité ontologique d'exprimer le non-être eût permis de nier l'erreur. Cette réfutation habite l'œuvre entière de Platon ; il n'est guère de dialogue qui n'en livre un aspect. Mais les seuls textes où Platon l'ait méthodiquement exposée sont la sixième hypothèse du Parménide, et surtout le Sophiste. Outre que le cadre du présent article nous l'interdirait, nous ne pouvons songer à isoler ici du Parménide le contenu de la sixième hypothèse, trop profondément mêlé au reste du dialogue, et encore relativement extérieur à notre sujet : cette hypothèse constitue, en effet, moins une réfutation de l'éléatisme qu'une étude méthodologique de la δόξα comme statut ontologique du non-être. Nous nous bornerons donc à l'examen du Sophiste, ne pouvant d'ailleurs en retenir ici que ce qui concerne immédiatement le problème de la réalité du non-être." (pp. 149-150, notes omises)

    (2) Lucien Malverne : « Aristote et les apories de Zenon » (Revue de Métaphysique et de Morale, janvier-juin 1953).

  2. Mansion, Suzanne. 1969. "Dialectique platonicienne et dialectique plotinienne (Sophiste 254b-256d; Enneade VI, 2, 6-8),." In La Dialectique. Actes du XlVe Congres des Societés de Philosophie de Langue francaise. Nice, 1-4 sept. 1969. Paris: Presses universitaires de France.

    Reprins dans S. Mansion, Etudes aristotéliciennes, Louvain-la-Neuve : Editions de l'Institut supérieur de philosophie, 1984, pp. 499-502.

  3. Marcos de Pinotti, Graciela Elena. 1994. "Négation, fausseté et non-être dans le Sophiste." Revue de Philosophie Ancienne no. 12:153-170.

    "Certes, la doctrine du non-être comme altérité ou différence est la clef de la solution platonicienne au problème de la fausseté.

    C'est pourquoi, lorsque Platon conteste l'argument des sophistes grâce aux célèbres lógoi sur Théétète, il n'hésite pas à caractériser l'énoncé faux comme celui qui dit "des choses autres que celles qui sont" ((έτερα των δντων), Soph. 263b7).

    Cette formule, comme on le sait, fait l'objet de nombreuses discussions. Dans ce travail nous tenterons d'en faire un éclaircissement à l'aide du Sophiste 257b-c, le passage où Platon, avant d'exposer la doctrine des "parties de la nature de l'autre", trace la distinction entre le non-être comme contrariété et comme altérité ou différence. Nous examinerons tout d'abord ce passage platonicien afin d'éclairer cette distinction signalée dans la plupart des études consacrées au Sophiste, mais dont la vraie signification demeure cependant obscure. Ensuite, dans la seconde partie de notre travail, nous appliquerons le résultat de notre examen à l'interprétation de ''Théétète, avec qui maintenant je dialogue, vole", l'exemple bien connu d'énoncé faux que Platon offre vers la fin du dialogue. Les deux passages correspondent, à notre avis, aux deux modalités de 'dire ce qui n'est pas', celle de la négation (Soph. 257b-c) et celle de la fausseté (Ibid. 263b-d).

    Or, au-délà des différences entre ces deux textes, une lecture attentive montrerait quelle est l'exigence fondamentale que selon Platon tout énoncé doit remplir. D'après notre interprétation, il s'agit d'indiquer, d'exprimer ou de signaler ce dont on parle,

    exigence qui concerne aussi bien la négation que l'affirmation, l'énoncé faux non moins que l'énoncé vrai. Cette condition remplie - c'est l'enseignement du Sophiste - il est possible de dire le non-être." (p. 154)

  4. ———. 2005. "Platon, son « père Parménide » et l'héritage sophistique." In La philosophie de Platon. Tome 2, edited by Fattal, Michel, 237-268. Paris: L'Harmattan.

    "La bataille que livre Platon contre le sophiste dans le dialogue qui porte son nom est en même temps une bataille contre l'ontologie de Parménide, dans laquelle s'enracine la thèse sophistique qui nie la possibilité de l'erreur et que notre philosophe se propose de réfuter.

    En vertu de ce double affrontement, Platon se trouve contraint d'adopter des stratégies complexes d'argumentation qui, comme nous tenterons de le montrer, l'associent à l'ennemi et l'en rapprochent beaucoup plus que l'on ne pourrait le supposer. Pour ce qui est de sa polémique avec Parménide, une fois établie la réalité du non-être à titre d'altérité ou de différence, Platon proclame avoir réfuté le dictum paternel qui nie le non-être. Néanmoins, dans la mesure où son objectif ultime est de démasquer certains arguments sophistiques fallacieux qui dénaturent l'esprit de la philosophie de Parménide, sa recherche ne l'éloigne pas mais le rapproche plutôt des arguments présentés par celui-ci. Quant à sa polémique avec la sophistique, cible directe de l'attaque du Sophiste, l'hostilité mutuelle n'empêche pas Platon de reconnaître que les occupations du philosophe et du sophiste se rejoignent sur certains points. Nous pourrions même dire qu'en vue de trouver une solution au problème du discours faux, Platon n'hésite pas à élaborer une conception du discours qui le rapproche dangereusement du rang de l'ennemi.

    Nous examinerons dans ce travail quelques aspects de la polémique que notre philosophe entretient avec les deux courants, et au travers de laquelle ont certainement vu le jour nombre des doctrines positives que nous transmettent ses dialogues. Tous ces affrontements n'ont certes pas la même valeur, car dans une cas, il s'agit d'un prédécesseur illustre que Platon traite avec respect, et dans l'autre cas, d'un courant de pensée auquel sa philosophie est ouvertement hostile. Toutefois, un examen attentif de certains passages du Sophiste met en évidence que dans les deux cas, derrière les critiques ouvertes de Platon, il existe également des appropriations, des héritages cachés permettant de détecter d'intéressants points de contact entre la philosophie platonicienne, celle de son « père Parménide » et certaines positions sophistiques. Ce que nous voudrions éclaircir ce n'est pas tant l'attitude de Platon envers d'autres courants de pensée que la possible incidence de ceux-ci sur sa propre philosophie, qui a dû en grande partie être le produit du rapprochement et du «dialogue» avec ses prédécesseurs et ses contemporains." (pp. 237-238)

  5. Mattéi, Jean-François. 1983. L'Étranger et le simulacre. Essai sur la fondation de l'ontologie platonicienne. Paris: Presses Universitaires de France.

    "Notre dessein naquit d'une première et déjà ancienne rencontre avec le Sophiste de Platon, dont une particularité de composition nous avait frappé, et dont nous sentions confusément qu'elle n'était pas étrangère à la chasse au faiseur de simulacres comme au détour ontologique par la communauté des cinq genres de l'être. Nous soupçonnions même que la forme du texte, ou plutôt la figure des personnages, pour parler avec Pascal, portait« absence et présence », et constituait le lien voilé qui rapproche, en leur perpétuel déchirement, Philosophie et Sophistique. Nous ne pensions pas, alors, découvrir que cette figure avait été faite sur un chiffre, en son double sens que l'on ne réduira pas seulement au clair et au caché, et exprimait la vérité ontologique de l'acte de fondation. Il fallait donc lever le sceau et reconnaître chez Platon, chez d'autres penseurs aussi sans doute, cette reprise continue d'une parole à l'écoute de sa propre origine et qui se tourne vers l'être, au croisement du temps et de l'éternité. Nous fascinaient en effet la répétition du voyage du philosophe, à la recherche du royaume perdu, et sa volonté tranquille de sauver de l'anéantissement, face aux écueils symétriques d'un Parménide et d'un Gorgias - le langage, voué aux mirages de la Mimésis, tant qu'il n'a pas restauré sa droite filiation ; - l'être, dont le visage menace de se figer dans la paralysie éléatique ou de se dissoudre dans les convulsions sophistiques ; - le pouvoir enfin, qui conquiert sa légitimité en s'ancrant dans la parole du Maître, seul à dire l'être. Et certes, l'enjeu ultime de l'Odyssée du philosophe - la Maîtrise - semblera peu conforme au goût d'une époque qui a cru bon d'assujettir la pensée au désir de Rebellion, malgré çà et là quelques résurgences incertaines, à l'écho de Nietzsche, et qui ne partagent l'intempestivité du penseur de l' Aurore que pour mieux atténuer l'éclat de la lumière platonicienne." (p. 5)

  6. ———. 1985. "La symphonie de l'être dans le Sophiste de Platon." Dialogue: Canadian Philosophical Review no. 24:237-256.

    Repris dans J.-F. Mattéi, L'ordre du monde. Platon - Nietzsche - Heidegger, Paris. Presses universitaires de France, pp. 25-47.

    "La pensée platonicienne du Sophiste, comme celle des autres dialogues, revele ainsi ce que j'appellerai, sur le modèle de l'onto-theologie heideggerienne, sa dimension onto-theo-cosmo-mytho-logique; elle unit en un même tout ces cinq déterminations majeures: (1) ONTO-: car la parole du philosophe est toujours en quête de l'« être »;(2) THEO-: comme l'être est assimilé au « divin » (254a8-9; 254b1), la formation du Tout est due a « une science divine emanèe de Dieu » (265c9); (3) COSMO-: l'être et le Tout (249d4) sont identifiés à l'Ousia au centre du Monde; (4) MYTHO-: le Monde et les Dieux relevent du muthos et non du logos, comme en témoigne la verité du mythe du Timée (26d-e); (5) LOGIQUE: enfin le logos trouve sa racine dans l'être dont nous sommes partis, et qui conduit en silence nos pas." (p. 255)

  7. ———. 1989. "Feu et lieu : Platon et la modernité." In L'ordre du monde. Platon - Nietzsche - Heidegger, 119-141. Paris: Presses universitaires de France.

    "Le principe de l'argumentation platonicienne, après que !'Etranger d'Elée a rappelé les doctrines de ses prédécesseurs relatives au nombre des êtres et à leur nature (242b6-249d5), consiste à emprunter à la tradition un couple de contraires irréductibles l'un à l'autre, puis à établir que cette dualité exige, pour être posée, la présence d'un troisième terme qui distingue les précédents tout en se distinguant d'eux. La

    même argumentation va se reproduire à propos d'un second couple, appelé par le premier, dont on montrera la différence interne des éléments qui le composent et la différence externe avec le couple antérieur. L'articulation des deux couples à l'aide de leur élément commun - l'être - qui se trouve toujours en tiers parmi eux, permet d'affermir la Communauté des cinq genres de l'être (κοινωνία) en laquelle nombre d'interprètes ont pu voir « la clef de voûte de tout le système platonicien »(232)" (p. 130)

    (232) V. Brochard, Etudes de philosophie ancienne et de philosophie moderne, Paris, 1912, p. 142.

  8. ———. 2005. "L'origine platonicienne de la métaphysique : la communauté des genres de l'être." In Y a-t-il une histoire de la métaphysique?, edited by Zarka, Yves Charles and Pinchard, Bruno, 27-44. Paris: Presses Universitaires de France.

  9. ———. 2005. "Les genres de l'être chez Platon et le système aristotélicien des quatre causes." In Cosmos et psychè. Mélanges offerts à Jean Frère, edited by Vegleris, Eugénie, 183-202. Hildesheim: Georg Olms.

  10. Mazzara, Giuseppe. 1991. "Quelques remarques sur Gorgias et les Gorgiens dans le Sophiste." Argumentation no. 5:233-241.

    Résumé : "Le Sophiste de Platon est une oeuvre qui - comme on le sait - du moins à en croire son titre, n'est pas la première du genre: le Peri tn Sophiston d'Alcidamas et le Katai tôn Sophistón d'Isocrate tout autant que la partie introductive (§§ 1-13) de son Eloge d'Hélène avaient déjà ouvert la voie.

    A propos du sophiste : un doxomimète fallacieux qui invite le philosophe come imitateur "historique". Tout comme l'allusion que fait Platon la definition isocratienne du δημολγιχóς comme imitateur εlρονιχóς. L'auteur s'engage a démontrer ici, outre le developpement du concept d' fπιστήμη chez Platon et Gorgias, une influence possible d'Alcidamas et d'Isocrate sur la definition platonicienne du sophiste."

  11. Milner, Jean Claude. 1966. "Le point du signifiant. Sur Platon: à propos du Sophiste." Cahiers pour l'Analyse no. 3:73-82.

    "Qu'il y ait eu entre l'être et une computation un lien hérité, la doxographie antique suffirait à le manifester, qui, rapportant les opinions sur l'être, ne sait les énoncer que comme des dénombrements, et ne peut, pour en dresser la liste, que se conformer à la suite des nombres: "pour l'un (des anciens sophistes), relate par exemple Isocrate, il y a une infinité d'êtres; pour Empédocle, quatre ; pour Ion, seulement trois; pour Alcméon, rien que deux; pour Parménide, un ; pour Gorgias, absolument aucun". (Isocrate, Or. XV, 268 ; cité à la page 345 de l'édition Diès).

    Ce lien, que l'anecdote ici décrit, cerne bien cependant l'hypothèse qui supporte le mouvement de Platon, désireux dans le Sophiste d'établir ce qu'il en est du non-être: se plaçant dans la succession des opinions, puisqu'il entend la clore, - entre le "un" de Parménide, qui résume tous les comptes positifs, et l' "absolument aucun" de Gorgias, qui les efface tous, il ne peut faire qu'énumérer le non-être, en susciter l'émergence par une computation." (p. 73)

  12. Miura, Kaname. 2015. "Quelques notes sur les critiques du pluralisme et du monisme dans le Sophiste de Platon." Kanazawa Journal of Philosophy and Philosophical Anthropology no. 6:69-84.

    Il semble que la thèse selon laquelle le changement majeure de la métaphysique à la logique s'est accompli dans le Sophiste de Platon soit assez fondée.(1) Certains y ont vu une transformation ou un abandon même de la théorie des Idées exposée par Platon dans les dialogues dits de transition(2) En effet, ce dialogue a attiré l'attention d'un nombre considérable de chercheurs voulant y trouver les «anticipations logiques» de Platon.

    (...)

    Platon est-il vraiment obligé à réviser sa théorie dans le Sophiste? Les arguments qu'il énonce dans ce dialogue sont-ils à ranger uniquement dans le domaine de la logique? Il n'en est rien. Au contraire, nous pouvons dire que le Sophiste occupe une position cruciale dans toute la théorie des Idées au point de vue de son développement ontologique et épistémologique. Il faut alors que l'on remette à plat le rôle que jouent les critiques du monisme et du pluralisme 242C-245E dans ce développement aussi bien que dans le plan général du Sophiste, en dépit du diagnostic d'un «détour» par Diès(4)." (p. 69)

    (1) Cf. Soulez (1991), pp.222-227.

    (2) Diès (1969), p.286, n.1.

    (4) Diès (1969), p.274.

    Réferences

    A. Diès, (1969), Le Sophiste, OEuvres complètes de Platon, Torne VIII, 3e partie (Collection des universités de France), Paris.

    A. Soulez (1991), "Le travail de la négation. L'interprétation du Sophiste par Gilbert Ryle", dans P. Aubenque (ed.), Études sur le Sophiste de Platon, Napoli, pp.215-246.

  13. Motte, André. 1987. "Άγιος chez Platon." In Stemmata. Mélanges de philologie, d’histoire et d’archéologie grecques offerts à Jules Labarbe, edited by Servais, J., Hackens, T. and Servais-Soyez, B., 135-152. Liège/Louvain-la-Neuve: L'Antiquité classique.

  14. Mouze, Létitia. 2020. Chasse à l'homme et faux-semblants dans le Sophiste de Platon. Paris: Classiques Garnier.

  15. Muralt, André de. 1957. "De la participation dans le Sophiste de Platon." Studia Philosophica no. 17:101-120.

  16. ———. 1975. "Dialectique de l'idée et analogie de l'être. Comparaison structureIle du Sophiste de Platon et des Métaphysiques d'Aristote." Diotima.Review of Philosophical Research no. 3:43-59.

  17. Narcy, Michel. 1991. "La lecture aristotélicienne du Sophiste et ses effets." In Études sur le Sophiste de Platon, edited by Aubenque, Pierre, 419-448. Napoli: Bibliopolis.

    "En deux passages de la Métaphysique, Aristote s'exprime au sujet du Sophiste de Platon. La première fois (E 2. 1026 b 14-15) il nomme Platon, et c'est pour l'approuver: «Platon, d'une certaine façon, n'a pas eu tort d'assigner la sophistique au non-être».

    Une telle assignation, c'est bien la tâche à laquelle s'évertue !'Etranger d'Elée tout au long du Sophiste; ou du moins c'est celle à laquelle il se voit condamné à partir du moment où sa pratique des divisions l'a conduit à situer le sophiste dans l'art de produire des simulacres (Soph. 235 A-236 c). Or, le second passage de la Métaphysique dont nous aurons à nous occuper est une rigoureuse condamnation de la façon dont]'Etranger arrive à ses fins: en se croyant confronté à la «nécessité de montrer que le non-être est» (Metaph. N 2. 1089 a 5). C'était là, juge Aristote, se laisser prendre à une difficulté archaïque ( ἀπορῆσαι ἀρχαϊκῶς, 1089 a 1-2).

    On voudrait montrer ici que non seulement ces deux passages trouvent leur cohérence dans une conception du non-être (et de l'être) fondamentalement différente, chez Aristote, de celle de Platon (1), mais que dans cette façon qu'a Aristote d'approuver d'un côté, de condamner de l'autre, est impliquée une façon de lire le Sophiste, allons jusqu'à dire une stratégie de lecture, qui pèsera pour longtemps sur la compréhension de ce dialogue: Plotin en sera ici l'exemple." (p. 419)

    (1) Cfr. E. Berti, Quelques remarques sur la conception aristotélicienne du non-être, «Revue de Philosophie Ancienne», I (1983) pp. 115-42.

  18. Nercam, Nathalie. 2012. "«Topos» en question dans l’introduction du Sophiste (216a1-217a1)." Plato Journal:1-18.

    Résumé : "Au début du Sophiste, Socrate demande au visiteur éléate ce qu’ont pensé des genres philosophe, sophiste et politique, « ceux qui sont de ce lieu-là ». L’article a pour but d’éclairer cette dernière expression et en particulier son mot clef « topos ». Il est montré que les significations de ce terme, dans son contexte, sont multiples et que cette diversité, loin d’apporter la confusion, permet au contraire et précisément d’ouvrir les diverses perspectives du dialogue."

    "« Topos », mot crucial du problème posé par Socrate dans l’introduction du Sophiste (216a1-217a1) peut donc être interprété de façon plurielle. Il peut désigner : premièrement, une adresse géographique (le pays d’Elée), deuxièmement, une école philosophique (« l’école éléatique ») troisièmement, un classement rhétorique (la « classe » des spécialistes de la définition des genres) ou quatrièmement, un niveau d’intelligibilité (le seuil maximal d’une pensée discursive).

    (...)

    La polysémie de « topos » invite ainsi le lecteur à relativiser les propos de l’étranger de trois façons :

    - En les considérant dans le cadre de l’action pédagogique conduite qui peut être caractérisée en comparaison avec celle de Parménide dans le dialogue éponyme et avec celle de Socrate dans le Théétète.

    - En les rapportant à l’ensemble des discours rhétoriques ou sophistiques tenus sur le même sujet pour mesurer sur ce point les continuités et les ruptures proposées par le visiteur éléate.

    - En les examinant enfin selon les critères socratiques du Phèdre, pour déterminer le sens accordé à « topos » au cours de l’exposé afin d’apprécier son degré relatif d’intelligibilité et de déterminer ses limites.

    Socrate reformule immédiatement sa première question et réduit alors considérablement le problème (217a2-4). Mais il attend toujours une réponse de la part de « ceux qui sont et/ou s’occupent de ce lieu-là ». « Topos » reste donc un critère d’appréciation pertinent. Cet article n’avait pas pour prétention de l’éclairer complètement et définitivement, mais avait pour but de montrer que son étude permet d’ouvrir des perspectives interprétatives qui viennent compléter les exégèses plus classiques du dialogue." (pp. 17-18)

  19. Nevsky, Alexandre. 2011. Voir le monde comme une image: Le schème de l’image mimétique dans la philosophie de Platon (Cratyle, Sophiste, Timée). Bern: Peter Lang.

    Table des matières: Introduction 1; Partie I. Analyses; I. Le Cratyle: le schème de l'image dans la constitution du langage 33; Le déploiement du schème de l'image dans le Cratyle 39; Apories de l'interprétation 130; II. Le Sophiste: le schème de l'image dans la constitution du discours 159; III. Le Timée: le schème de l'image dans la constitution du monde 297; Partie II. Conclusions; I. Conclusions des dialogues 435; II. La conception de l'image chez Platon 473; Epilogue. Voir le monde comme une image selon Platon 503; Bibliographie 507; Index des noms 519; Index des textes anciens 523.

    "Que veut nous dire Platon quand il nous invite à voir le monde comme une image ? De quoi est-il l’image et existe-t-il plusieurs images possibles de la même réalité ? A quel degré d’engagement ontologique exposons-nous quand nous acceptons, avec Platon, de redéfinir comme étant image le langage, le discours, le monde matériel et même le matériau de celui-ci ?

    Ce travail propose une analyse approfondie de la conception de l’image de Platon dans ses trois dialogues clés. Il essaie de nous montrer que cette conception n’est pas une simple conséquence de la théorie des Idées, mais une solution philosophique originale au paradoxe de l’apparence archaïque et une étape préalable à la dialectique platonicienne.

    Cette étude nous invite ainsi à revoir les fondements de la métaphysique occidentale, au moment où se produit la naissance conceptuelle de la notion d’image, en mettant en évidence son originalité et son importance pour l’enquête philosophique sur la réalité."

  20. O'Brien, Denis. 1991. "Le non-être dans la philosophie grecque: Parménide, Platon, Plotin." In Études sur le Sophiste de Platon, edited by Aubenque, Pierre, 317-364. Napoli: Bibliopolis.

    Repris dans: D. O'Brien, Le non être. Deux études sur le Sophiste de Platon, pp. 3-39.

    Sommaire: I INTRODUCTION: LA PHILOSOPHIE ET L'HISTOIRE; II PARMÉNIDE. 1. L'être et la vérité 2. Le non-être et l'erreur des mortels; III PLATON. 1. Les deux sens du non-être 2. Le non-être et l'altérité; IV PLOTIN. 1. Les trois sens du non-être

    2. Le non-être et la matière; V PARMÉNIDE ET PLATON. 1. L'existence des non-êtres 2. La question du parricide; VI PLATON ET PLOTIN. 1. "Réellement non-étant" 2. Le non-être et le contraire VII CONCLUSION : L'HISTOIRE ET LA PHILOSOPHIE.

    "Cette étude du non-être permettra, je l'espère, de résumer en quelque sorte les recherches que nous avons menées en commun depuis plusieurs années sous l'intitulé général: Recherches sur le vocabulaire de l'être dans !'Antiquité. Comme le dit Hegel, comme le dit Heidegger, comme l'a dit aussi Platon : comment étudier l'être sans le non-être?" (pp. 119-120)

    (...)

    "Résumons, le plus simplement possible, les différents sens du non-être que nous avons repérés en examinant ces quelques textes de Parménide, de Platon, de Plotin.

    - Parménide a parlé d'un non-être impensable et incommunicable.

    - Platon a distingué le non-être qui serait comme le contraire de l'être et le non-être qui serait "autre" que l'être,

    - Plotin a distingué: premièrement, le non-être absolu; deuxièmement, l'altérité du mouvement et du repos; enfin, troisièmement, la "forme" du non-être qui est la matière.

    Voilà la philosophie; où se trouve son histoire? A moins que l'on ne se pose la question inverse: voilà l'histoire, où se trouve la philosophie?" (pp. 349-350)

  21. ———. 1991. "Platon et Plotin sur la doctrine des parties de l'autre." Revue Philosophique de la France et de l'Étranger no. 116:501-512.

    Résumé : "La matière est-elle identique à l'alterité ? » Plotin se pose cette question au commencement du dernier chapitre de son traité Sur la matière (Enn., II 4 [12] 16). « Plutôt non », répond-il. « Elle est en revanche identique à cette partie de l'altérité qui s'oppose aux êtres proprement dits. » En s'exprimant de la sorte, Plotin fait allusion à un passage du Sophiste (258 E 2-3). Son allusion suppose pourtant l'existence d'un texte qui n'est pas attesté dans les manuscrits. Cette différence textuelle implique un changement fondamental de doctrine, dont les éditeurs modernes ne se sont pas avisés."

  22. ———. 1995. Le non-être. Deux études sur le Sophiste de Platon. Sankt Augustin: Academia Verlag.

    Sommaire: Avertissement XI-XII; Étude I: Le non-être dans la philosophie grecque: Parménide, Platon, Plotin 3; Étude II: Le non-être et l'altérité dans le Sophiste de Platon 43; Notes complementaires 91; Index: I. Auteurs anciens 133; II. Auteurs modernes 139; III. Supplément bibliographique 151; English summaries: I. Non-Being in Parmenides, Plato and Plotinus 169; II. Non-Being and otherness in Plato's Sophist 176-181.

  23. ———. 1996. "Á propos du Sophiste de Platon." Les Études Philosophiques:375-380.

    Dans une étude sur le Sophiste de Platon, parue récemment dans Les Études philosophiques, F. Fronterotta me reproche d'avoir mal interprété la doctrine des parties de l'autre, telle que la présente l'Étranger d'Élée dans sa critique de Parménide (Soph. 257 c5-258 c10) (1)" (p. 375)

    (...)

    "A la différence de la forme de l'être, à la différence de la forme du non-être, la forme de l'autre ne sera donc qu'unité « en quelque sorte» (cf. 257 c10: που).

    Cette différence est essentielle pour qui veut comprendre la différence qui sépare le non-être et l'autre. La science est divisée en une multiplicité de sciences, possédant chacune son nom propre. Il en va de même de la nature de l'autre qui, elle aussi, est divisée en une multiplicité de parties, dont chacune possède une appellation (appellation négative) qui lui est propre («non beau», « non grand», « non juste»). Mais il n'en va pas de même, ni de l'être, ni du non-être." (p. 379)

    (...)

    "Ainsi s'expliquerait l'erreur dans la thèse de Fronterotta. Cet exégète n'a pas en effet compris qu'en participant d'une « partie» (la forme du non-être), les autres parties de l'autre ne deviennent pas, de ce fait, les parties d'une partie. Il n'a donc pas compris que la forme du non-être ne peut pas être définie à la fois comme une partie de l'autre (258 a 11 -b 4) et comme «chaque partie de l'autre» (cf. 258e2-3). La doctrine de !'Étranger n'est pas à ce point contradictoire." (p. 380)

    (1) 1. F. Fronterotta, L'être et la participation de l'autre, une nouvelle ontologie dans le Sophiste,Les Études philosophiques, 1995, p. 311-353. Voir surtout p. 350-353, Annexe:

    « L'interprétation de D. O'Brien». Pout la thèse incriminée, Fronterotta renvoie à D. O'Brien, Il non essere e la diversità nel Sofista di Platone, Atti dell'Acccademia di Scienze Morali e Politiche di Napoli, vol. 102, 1992, p. 271-328. Voir aussi maintenant Le non-être, deux études sur le Sophiste de Platon, dans la collection « International Plato Studies, published under the auspices of the International Plato Society», n° 6, Sankt Augustin, Academia Verlag, 1995. Pour la thèse de Fronterotta, voir surtout p. 159-166.

  24. ———. 1999. "Théories de la proposition dans le Sophiste de Platon." In Théories de la phrase et de la proposition. De Platon à Averroès, edited by Büttgen, Philippe, Diebler.Stéphane and Rashed, Marwan, 21-41. Paris: Éditions Rue d'Ulm.

    "Commençons par le Sophiste de Platon. Deux théories de la proposition s’y opposent : celle de l’Etranger d’Elée, porte-parole de PIaton, et celle du sophiste. Pour étayer sa thèse, le sophiste se réclame de Parménide. S’opposeraient donc ici, par personnes interposées, Platon et Parménide. Or voilà, d’emblée, l’une des raisons pour lesquelles les exégètes se trompent dans leur interprétation du dialogue. S’ils ne - comprennent pas le Sophiste, c’est parce qu’ils comprennent mal le poème de Parménide. Et s’ils comprennent mal le poème de Parménide, c'est parce que, cherchant dans les fragments du poème une proposition - proposition qui sera reprise par le sophiste de Platon —, ils gauchissent, sans le savoir, le point de départ du raisonnement parménidien.

    Je m’explique. Toute proposition permet de distinguer ce dont on parle de ce qu’on en dit. Cette distinction, fondamentale, ne s’applique pourtant pas aux deux énoncés formulés par la déesse au début de son discours : ἔστιν (“est”, fr. 2.3), οὐκ ἔστιν (“n’est pas”, fr. 2.5). Aucun de ces deux verbes, prononcés sans sujet ni complément dans le contexte immédiat du poème, ne permet de distinguer ce dont on parle de ce qu’on en dit(1)." (p. 21)

    (...)

    "L’Etranger rétablit de la sorte une contrariété du vrai et du faux, sans pourtant revenir sur son refus d’une contrariété de l’être et du non être(4). D’où l’ambivalence dont fait preuve la déclaration "des non êtres sont” au cours de son raisonnement. Dans un premier temps, cette formule établit l’existence des objets, des nombreux objets, dont on parle, renversant de la sorte la thèse moniste de Parménide. Dans un deuxième temps, la même formule, revêtue d’un sens nouveau et différent, rétablit la vérité ou la fausseté de ce qu’on en dit, autorisant, enfin, la définition du sophiste comme pourvoyeur d’erreurs et de mensonges." (p. 41)

    (1) I "Il faut que tu sois instruit de toutes choses, à la fois du cœur de la vérité persuasive [..: ainsi la déesse à Parménide (fr 1.28), quand ce dernier aura franchi les portes du Jour et de la Nuit. Pour apprendre à son disciple la vérité, la déesse commence par distinguer deux “voies de recherche, les seules que l'on puisse concevoir” (fr. 2.2). Ces deux voies sont les deux énoncés cités ci-dessus (“est", fr. 23 , "n'est pas", fr. 2.5)

    (4) "Le vrai serait le contraire du faux : cf. Sophiste, 240 b 5 ; 240 d 6-7. Le non-être, tel que le définit l’Etranger, ne serait pourtant pas le contraire de l’être : cf. Sophiste, 258 e 6-259 a 1.".

  25. Pasqua, Hervé. 1996. "L'Être comme πολλά chez Platon. Les enseignements du «Parménide» et du «Sophiste»." Revue Philosophique De Louvain no. 94:7-18.

    Résumé : "L'Être est l'Un. Tel est l'héritage que Platon reçoit de Parménide. Non pas l'Être est un, mais : l'Être est l'Un. Autrement dit, l'Un n'est pas prédicat ni accident de l'Être, il en constitue l'essence. Quand l'Éléate affirme : l'Être est, le non-Être n'est pas, Platon comprend : l'Un est, le non-Un n'est pas. Dès lors, le sens du parricide que va commettre l'Étranger dans le Sophiste sera non pas, comme on l'entend traditionnellement : l'Être n'est pas, le non-Être est, mais l'Un n'est pas, le non-Un est. En refusant l'identification parménidienne de l'Être à l'Un, Platon révèle son véritable dessein, à savoir, montrer que l'Être, le réellement réel, le ontôs on, c'est le Plusieurs (les Idées)."

  26. Pellegrin, Pierre. 1991. "Le Sophiste ou de la division. Aristote-Platon-Aristote." In Études sur le Sophiste de Platon, edited by Aubenque, Pierre, 391-416. Napoli: Bibliopolis.

    "Depuis quelques années notre approche de la critique par Aristote de la méthode platonicienne de division a été profondément renouvelée, notamment par une relecture du versant biologique de cette critique. Le premier effet qu'on en peut signaler n'est anodin qu'en apparence : la diairesis qui est critiquée dans les textes logico-métaphysiques d'une part et biologiques d'autre part du corpus aristotélicien semble bien être la même." (p. 391)

    (...)

    "Comme les grands dialogues de la période antérieure, le Sophiste et le Politique sont eux aussi consacrés à la dialectique platonicienne, mais c'est la dialectique qui a changé.

    Ainsi se résolvent certaines des difficultés de la diairesis.

    Comme la relation d'altérité, par exemple, n'est pas une simple relation d'exclusion, on comprend ce que signifie la règle qui prescrit de couper un genre en deux parties à peu près égales : tous les oiseaux sauf les grues ne forment pas "l'Autre des grues". L'hypothèse de la contemporanéité de la méthode diérétique et du Sophiste se trouve ainsi singulièrement renforcée.

    Il ressort de tout cela l'image contrastée d'une diairesis à la fois fondamentale et invalide. Car même le dévoilement du fondement ontologique de la diérétique platonicienne ne la guérit pas de son essentielle impuissance. Quand l'objet à définir, comme dans le cas du pêcheur à ligne, ne subit pas la concurrence de rivaux suspects, la diairesis va droit au but.

    Mais quand surgissent les questions «grosses d'embarras, aujourd'hui comme hier et comme toujours» du «paraître et sembler sans être» (Soph. 236 E), on s'aperçoit que la nouvelle dialectique platonicienne n'a pas à elle seule les moyens de lever une difficulté qui a été un des prétextes originaires de l'entreprise philosophique de Platon." (p. 412)

  27. Rizzerio, Laura. 1999. "Dialectique et art dans la République et le Sophiste de Platon." Revue Philosophique de Louvain no. 97:231-252.

    Résumé : "Cet article étudie le rapport que Platon établit entre la beauté, la mesure, et la production artistique aux fins de prouver que le philosophe athénien n'est pas un véritable «ennemi» des arts, à tout le moins qu'il ne peut être considéré comme un ennemi de la beauté des œuvres «sensibles», qu'elles soient naturelles ou produites par l'homme. Grâce à l'analyse de quelques extraits du Sophiste et de la République, cette étude veut montrer que la distinction de l'art d'imitation en deux «sections» différentes, «art de la copie» et «art de l'illusion», proposée par Platon dans le Sophiste, n'est pas simplement un expédient auquel le philosophe athénien a recours pour parfaire ses diaireseis et «capturer» la définition tant recherchée. Cette distinction trouve sa justification dans le rôle important que Platon confie à la «mesure» là où il s'agit de la saisie du beau. C'est par cette notion de «mesure» qu'il en vient effectivement à rejeter un type d'art d'imitation, «l'art d'illusion», et à en accepter un autre, «l'art de la copie», en comparant ce dernier au travail du dialecticien. Or, il est fort probable que Platon prononce son jugement sur l'art d'imitation en ayant présente à l'esprit la production artistique de son temps. Soumis à condamnation serait alors l'art basé sur les techniques de l'illusion et du trompe-l'oeil, un art qui en était venu à s'imposer à son époque grâce à l'utilisation d'une proportionnalité capable de reproduire la réalité d'une manière vraisemblable, mais qui ne fabriquait qu'illusion, était loin de la vérité et se révélait incapable de saisir le beau. La production artistique reconnue comme respectable, voire utile à l'acquisition de la science, serait au contraire l'art qui s'était développé autour du canon de Polyclète dont les productions étaient fondées sur le respect absolu d'une «mesure» objective et d'une proportionnalité rigoureuse, mathématiquement représentables."

  28. Rougier, Louis. 1914. "La correspondance des genres du Sophiste, du Philèbe et du Timée." Archiv für Geschichte de Philosophie no. 27:205-334.

    "La correspondance des genres du Sophiste, du Philebe et du Timée est un des problèmes fondamentaux de la philosophie de Platon. Suivant les conceptions qu'ön s'en fait, cette philosophie prête aux interprétations les plus divergentes. Dans une première partie, nous exposerons la thèse que nous adoptons; dans une seconde, noüs en vérifierons les details par l'examen critique des théories opposées les plus representatives: celles de M. Lachelier, Zeller, Rodier, Brochard. Sans pretendre apporter une solution définitive de cette redoutable question, nous en fournirons, peut-etre, une approximation plus exacte." (p. 305)

    Réferences

    Victor Brochard, "La morale de Platon", Année philosophique 1909, p. 29, note 1; "Le Dévenir dans la philosophie de Platon". Bibliothèque du Congrés International de philosophie 1902, IV, p. 103-127.

    Jules Lachelier, "Note sur le Philèbe de Platon", Revue de métaphysique et de morale, mars 1902; reproduit dans: Études sur le syllogisme, suivies de l'observation de Platner et d'une note sur le Philèbe, Paris, Alcan, 1907, p. 151-163.

    Georges Rodier, "Remarques sur le Philèbe", Revue des études anciennes, avril-mai 1900; "L'évolution de la Dialectique de Platon", Année philosophique 1909.

    Eduard Zeller, Die Philosophie der Griechen in ihrer geschichtlichen Entwicklung, Leipzig: R. Reisland, 1880, vol. II, 1 p. 169 sq.

  29. Rousset, Emmanuelle. 2009. Les intermittences de l'être. Lecture du Sophiste de Platon. Lagrasse: Verdier.

  30. Santa Cruz, Maria Isabel. 1997. "L’exégèse plotinienne des μεγιστα γενε du Sophiste de Platon." In The Perennial Tradition of Neoplatonism, edited by Cleary, John J., 105-118. Leuven: Leuven University Press.

    "Dans une étude précédant (3) j'ai examiné quelques aspects fondamentaux de la critique de Plotin à la doctrine aristotélicienne sur les catégories. Je voudrais aborder maintenant quelques points concernant la conception plotinienne des genres de l'intelligible exposée en VI 2, traité qui peut être lu presque comme un commentaire (4) des passages du Sophiste où Platon présente la doctrine des μεγιστα γενε, que Plotin va situer au niveau de la deuxième hypostase, l'intelligence. J'essayerai seulement de tracer les grandes lignes de la doctrine plotinienne des genres de l'intelligible et de signaler les principaux points de divergence avec la conception platonicienne des μεγιστα γενε. Malgré sa prétention de fidélité à Platon, Plotin n'adopte pas d'une façon stricte les genres du Sophiste pour les situer dans l'intelligence, mais il les interprète du point de vue de son propre système et en fait un libre emploi pour développer sa propre théorie. L'exégèse de Plotin n'est pas une reprise de l'analyse conceptuelle du Sophiste et de son enplacement dans le domaine de l'intelligence. Lorsqu'il caractérise la nature et la fonction des genres, Plotin s'écarte des affirmations et même des suggestions de Platon.

    Etant donné que chez Plotin le monde intelligible est une réalité de deuxième ordre et dérivée, dont la source, l'Un, est au-delà de l'être et de la pensée, les genres de l'intelligible ne peuvent avoir du point de vue ontologique ainsi que du point de vue de la prédication ni la même portée ni la même importance que chez Platon, pour qui ils appartiennent à la région plus élevée de la réalité. L'interprétation du Sophiste sur les cinq genres ne prend sens qu'à l'intérieur d'un système métaphysique donné, celui de Plotin" (pp. 105-106, deux notes omises)

    (3) "Aspectes de la critica de Plorino a las categorias de Aristoteles", Elenchos. Rivista di studi sul pensiero antico XI (1994) 1, 25-41.

    4. Evangeliou, Aristotle's Categories and Porphyry, Leiden: Brill, 1988, pp. 131-133, offre un résumé des points qu'il considère comme les thèses principales dans VI 2.

  31. Schüssler, Ingeborg. 1996. "Le Sophiste de Platon dans l'interprétation de Heidegger." In Heidegger 1919-1929. De l'herméneutique de la facticité à la métaphysique du Dasein, edited by Courtine, Jean-François, 91-111. Paris: Vrin.

    Actes du colloque organisé par Jean-François Marquet (Université de Paris-Sorbonne, novembre 1994).

    Repris dans: Ada Neschke-Hentschke (éd.), Images de Platon et lectures de ses oeuvres: les interprétations de Platon à travers les siècles, Louvain-la-Neuve: Peeters, 1997, pp. 395-415.

  32. Serra, Mauro. 2004. "Lectures du Sophiste entre analytiques et continentaux." In Actualité des anciens sur la théorie du langage, edited by Petrilli, Raffaella and Gambarara, Daniele, 97-109. Münster: Nodus Publikationen.

  33. Soulez, Antonia. 1987. "Aux sources grecques de la tradition sémantique : le thème platonicien des "liaisons premières"." Archives de Philosophie no. 50:371-401.

    Résumé : "Il s'agit dans cet article de retracer la filiation sémantique qui permet d'enraciner la tradition de la « proposition en soi » à partir de Bolzano dans les anticipations « logiques » que représentent les premiers efforts de certains philosophes de l'antiquité grecque pour penser les conditions de l'unité de la composition d'un sens. Pour cela il fallait remonter, au-delà de ceux que Bolzano lui-même cite comme ses propres sources, jusqu'au Sophiste de Platon. De quelle façon Platon s'est-il posé la question de l'unité sémantique de l'énoncé, et quelle réponse il a apportée à cette question ? Tels sont les points sur lesquels la démonstration cruciale de l'existence du discours faux dans le Sophiste apporte la lumière, en révélant le nerf verbal de l'articulation des parties d'énoncé en une « liaison » douée de sens, qu'elle soit vraie ou fausse. L'examen de la signification des phrases fausses découvre par là-même le rôle d'opérateur que joue la négation sans la fonction assertive de laquelle l'unité des complexes de parties ne saurait être mise à jour. La négation s'offre ici pour expliquer une sorte de mystère à la fois syntaxique et sémantique qu'Aristote devra à son tour considérer. Toutefois, ce sera plutôt à renoncer à le percer qu'Aristote invitera en proposant d'axer la solution sur l'unité de la chose signifiée par une interprétation ontologique de la référence. La conséquence de ce nouveau traitement du problème est l'obscurcissement du motif originaire des « liaisons premières » chez Platon, et son recouvrement par le thème prédicationniste de l'énoncé de l'être. Ce qui s'observe dès lors est un véritable glissement de l'intérêt logique de ce qui constitue le socle de l'inférence à l'étude formelle de ses lois."

  34. ———. 1991. La grammaire philosophique chez Platon. Paris: Presses Universitaires de France.

    "Axé sur la confrontation de la méthode dite de nos jours « analytique » avec l'histoire de la philosophie, ce travail donne une large place à une lecture qui a été menée, il y a une trentaine d'années outre-manche,

    sur un grand dialogue de Platon : le Sophiste, par un philosophe à la fois connaisseur de la pensée grecque ancienne et logicien professionnel. Il s'agit d'une lecture « logique » originale entr'autres d'une partie du Sophiste consacrée aux genres dits « suprêmes » et à leur mélangeainsi qu'à la définition du logos(1). L'intérêt de ces passages est parfois discuté parce que à cet endroit du dialogue il semblerait qu'il y ait plutôt une pause qu'un développement vraiment central. L'auteur de cette lecture est Gilbert Ryle(2), philosophe logicien d'Oxford" (p. 6)

    (...)

    "En plus d’articles spécialisés dans ce domaine, dont certains seront mentionnés dans ce travail, il est pourtant l’auteur d’un livre : Plato’s Progress (1967) et d’une contribution importante sur Platon dans la fameuse Encyclopedia of Philosophy éditée par Paul Edwards (1967)." (p.6)

    (...)

    "En dehors du plaisir que j’ai personnellement ressenti à lire le philosophe Ryle, dont le style est à la mesure d’une pensée frondeuse et volontiers démarquée, j’ai trouvé un double intérêt à son interprétation des dialogues de Platon, en particulier les dialogues qu’il appelle « logiques » tels le Parménide ou le Sophiste. D’abord, Ryle a vraiment cherché à dégager chez Platon ce qu’il vaudrait mieux appeler une « sémantique catégoriale » pour des raisons que j’explicite plus bas, qu’une « philosophie du langage », et une « sémantique » qui, bien qu’articulée à la doctrine des Idées, nous parle à nous, aujourd’hui. Cependant, il ne s’est pas contenté de déterrer une approche séduisante pour le contemporain. Sa lecture engage un choix méthodologique. C’est ce choix qui m’a paru, non pas le plus plausible, mais le plus important en raison des conséquences qui en résultent pour l’exercice de la philosophie et sa conception." (pp. 8-9)

    (1) Il s’agit des passages 251 a - 264 a du Sophiste (coll. Budé).

    (2) Cf. « Letters and syllables in Plato », Ph. Rev., vol. LXIX, 1960. [repris dans G. Ryle, Collected Papers. Volume I. Critical Essays, London: Hutchinson 1971, Essay III pp. 57-75.]

  35. ———. 1991. "Le travail de la négation: l'interprétation du Sophiste par Gilbert Ryle." In Études sur le Sophiste de Platon, edited by Aubenque, Pierre, 215-246. Napoli: Bibliopolis.

    "Tout porte à croire, dans ce qu'on peut appeler le "détour sémantique" du Sophiste consacré de 260 A 5 à 264 B 8 à la définition du logos, que le non-être dont l'Etranger avec Théétète a découvert qu'il était un «genre déterminé parmi les autres genres» (260 B) (1), a décidément une "forme" (eidos) (2) vraiment exceptionnelle. C'est ce que la chasse au genre du sophiste a permis de découvrir non sans mal. Cependant, arrivés à ce point où le non-être se révèle fractionné le long de la série des êtres (ibid.), !'Etranger et Théétète n'ont parcouru que la moitié du chemin." (p. 217)

    (...)

    "Le Parménide, dialogue donc à la fois auto-critique et marqué par des préoccupations formelles, s'inscrit dans l'histoire des recherches logiques s'il ne l'inaugure pas. D'après Ryle, le Parménide est une discussion d'un problème de logique, comme le sont une partie du Théétète et la majeure partie du Sophiste:

    «Non que Platon dise: "détournons-nous de l'Ethique, de la Métaphysique, de l'Epistémologie et de la Physique pour considérer quelques questions qui sont du ressort de la Logique"»

    car, dit Ryle, «ces titres n'existaient pas. Cependant les questions et les arguments qu'il énonce dans ce dialogue, nous devrions les ranger dans le même domaine que celui auquel appartiennent par exemple la théorie aristotélicienne des catégories, la séparation kantienne des concepts formels et non-formels, la théorie russellienne des types et les théories de la syntax logique de Wittgenstein et Carnap» (8).

    (1) Dans la traduction de Diès adoptée ici sauf mention contraire. Cfr. plus haut dans le dialogue le passage 258 B 10 où le non-être est dit «posséder sa nature propre (τὴν αὑτοῦ φύσιν ἔχον), et, dans les lignes qui suivent, la façon dont sa nature d' "autre" permet de comprendre comment son ezdos (258 D 6) se distribue sur toute la chaîne des êtres dans leurs relations mutuelles.

    (2) Cfr. ci-dessus.

    (8) G. Ryle, Plato's 'Parmenides', «Mind», XLVIII (1939), repris dans Collected Papers, London 1971, I, pp. 35-6.

  36. Steel, Carlos. 1992. "Le Sophiste comme texte théologique dans l'interprétation de Proclus." In On Proclus and His Influence in Medieval Philosophy, edited by Bos, Egbert B. and Meijer, Pieter Ane, 51-64. Leiden: Brill.

    "Dans cette communication, je voudrais examiner comment Proclus a interpreté cet autre dialogue dans lequel on trouve un exposé scientifique de la théologie, le Sophiste. S'il est loin d'avoir !'importance du Parménide, Ia doctrine qui y est developpee constitue neanmoins, selon les mots memes de Proclus, "une preparation (προτέλεια) aux mysteres du Parménide.(4)" (p. 51)

    (...)

    "Ce qui l'intéressait dans le Sophiste, ce n'etait pas sa théorie de l'être, son ontologie, mais la doctrine de l'Un qu'on trouve dans la discussion des thèses pluralistes et unitaires (242 c - 245 e). C'est par cette discussion hénologique que le Sophiste a pour lui une signification théologique.

    Je me limiterai done ci-dessous a présenter !'interprétation proclienne de cette seule section du dialogue, sans oublier pour autant que le Sophiste était également important pour la théorie de la dialectique et pour le statut de la negation (question capitale dans la théologie negative).(10) Dans mon exposé, je distinguerai trois parties. D'abord je présenterai !'interprétation que Proclus donne de la section 242 c -245 e, pour autant qu'on puisse la reconstruire en s'appuyant sur des informations dispersées dans son œuvre . (En effet, on n'a pas gardé de commentaire sur le Sophiste, et il est même probable que Proclus n' en a jamais composé). Ensuite, j' examinerai l'apport du Sophiste à l'interprétation du Parménide. Enfin, je relirai le Sophiste à la lumière du Parménide, ce qui nous fera decouvrir d'autres doctrines théologiques." (p. 52, note omise)

    (4) Cf Theol. plat. III 21, p. 73, 10- 12 [For the conceptions of the Elean guest are the proteleia of the mysteries of the Parmenides. (translation by Thomas Taylor]

    (10) Sur la dialectique dans le Sophiste, voir In Parm. 622, 22- 24; 634, 30- 33; 637, 9-12; 649, 36- 651,9 (texte important); 653, 32- 654, 14; 654, 34- 655, 12; 656, 2- 14; 989, 14- 17. Sur le statut du non-etre et de la negation, voir In Parm. 1072, 19- 1074, 21; Theol. plat. II 5, p. 38, 13- 39, 5 et l'importante note complementaire de Saffrey-Westerink a la p. 39, 1 (o. 99- 100).

  37. Strycker, Émile de. 1979. "Notes sur les relations entre la problématique du Sophiste de Platon et celle de la Métaphysique d'Aristote." In Études sur la Métaphysique d'Aristote. Actes du VI Symposium aristotelicum, edited by Aubenque, Pierre, 49-67. Paris: Vrin.

    "L’objet de la Métaphysique aristotélicienne est la recherche et la construction de la science la première et la plus universelle. Nous voudrions, dans la présente communication, préciser quelques-unes des relations que ce traité entretient avec le Sophiste de Platon. Pourquoi ce seul dialogue, et non tel ou tel autre? D’abord parce qu’il faut se limiter, ensuite parce que les sujets qui y sont débattus s’apparentent d’assez près à certains thèmes centraux de la Métaphysique et que certaines formulations dont Platon s’y sert paraissent avoir directement influencé divers passages d’Aristote. Nous n’avons évidemment pas l’intention de présenter ici une confrontation générale des philosophies spéculatives d’Aristote et de Platon ni de nous demander si l’une est supérieure à l’autre. Notre but est beaucoup plus modeste et s’inspire directement du programme du présent Symposium. Nous voudrions seulement, en partant du Sophiste, contribuer à mieux délimiter, sur quelques points, ce qu’Aristote a voulu réaliser dans sa Métaphysique. Assurément, le plan et la méthode de ce traité sont profondément originaux et il peut sembler que les rencontres avec Platon soient peu nombreuses et d’un intérêt médiocre. Peut-être, néanmoins, notre exposé réussira-t-il à montrer que les rapports sont plus étroits qu’il n’y paraît à première vue. S’ils ne se manifestent pas d’emblée, c’est parce qu’Aristote a si radicalement repensé les problèmes qu’ils prennent chez lui une tout autre figure que chez son maître. C’est moins le cas dans les livres M et N, consacrés à la polémique contre les doctrines de l’Académie, que dans ceux ou Aristote poursuit son propre projet, c’est-à-dire AB T EZH0I. Nous ne ferons mention qu’une seule fois du livre A, dont la problématique et la méthode, du moins dans les chapitres 6-10, sont en un sens plus proches de celles de Platon, mais qui semble avoir été rédigé sans relation littéraire directe avec le groupe des livres centraux.

    Les re

  38. Sun, Yu-Jung. 2018. "À quoi sert la discussion sur l’opinion fausse dans le Théétète de Platon ?" Philosorbonne:61-76.

    "L’interprétation défendue ici est la suivante : dans le Théétète, surtout dans le passage sur l’opinion fausse, ainsi que dans le Sophiste, Platon cherche à mettre au jour l’importance d’un savoir d’intermédiaire oud’une science d’intermédiaire, alors que, sans ce savoir d’intermédiaire, il est impossible d’interroger l’essence du savoir et la nature de la fausseté sans tomber dans l’aporie. Dans le Théétète, Platon montre la conséquence d’une interrogation de la nature du savoir sans prise en compte du rôle des relations dans la connaissance. C’est pourquoi le Théétète ne présente que des arguments qui, en définitive, échouent. Le Sophiste fait suite à ce questionnement du Théétète et apporte une solution à l’aporie partagée par ces deux dialogues, en expliquant ce qui est nécessaire mais absent dans les arguments sur l’opinion fausse du Théétète." (p. 62)

  39. Swiggers, Pierre. 1984. "Théorie grammaticale et définition du discours dans le Sophiste de Platon." Les Études Classiques no. 52:15-17.

  40. Teisserenc, Fulcran. 2007. "Consonnes et voyelles: les fonctions de l'Être et de l'Autre dans le Sophiste de Platon (251a-259e)." Dialogue: Canadian Philosophical Review no. 46:231-264.

    Résumé : "Le but de cet article est de comprendre les fonctions que dans le Sophiste l’Étranger attribue à la forme de l’Être et à celle de l’Autre. À la différence d’une interprétation de type linguistique, qui vise à déceler dans le texte une distinction entre les emplois du verbe «être», nous mettons en évidence le rôle ontologique assigné aux très grands genres dans l’entrelacement des formes. Exploitant l’analogie des voyelles, nous montrons que l’Être est un connecteur, qui rend actuelles les participations entre formes, tandis que l’Autre est un séparateur, qui rend actuelles leurs différences. Cette analyse permet d’éclairer les procédés dialectiques décrits dans le dialogue en termes très abstraits et de résoudre le problème controversé de l’auto-prédication sans avoir besoin de recourir à l’auto-participation."

  41. ———. 2008. "Platon a-t-il distingué différents emplois du verbe « être » ? : note sur un passage controversé du Sophiste 255c-d." Philosophie Antique.Problèmes, Renaissance, Usages no. 8:153-188.

    Résumé : "Contrairement à ce que présupposent certaines lectures contemporaines du Sophiste, l’Étranger ne cherche pas à conférer au verbe « être » des sens différents selon le type d’énoncé dans lequel il figure, qu’il s’agisse d’un énoncé d’identité, prédicatif, ou encore existentiel. L’analyse précise d’un passage fréquemment sollicité à cet effet (255c-d), analyse qui tient compte également de l’ensemble de la partie centrale du dialogue, fait apparaître que l’Étranger n’a pas un besoin crucial d’une telle distinction et qu’elle n’est pas non plus implicitement présente dans ses autres arguments. Quant au texte litigieux de 255c-d, il se lit bien mieux comme opérant une séparation quasi catégorielle entre termes absolus et termes relatifs. Cette dernière distinction, attestée par l’Ancienne Académie comme authentiquement platonicienne, se trouve enrichir le tableau des relations entre genres que l’Étranger esquisse dans son exploration partielle de la συμπλοκη τον ειδον."

  42. ———. 2008. "Puissance, activité et passivité dans le Sophiste." Philosophie no. 96:25-45.

    "Quand l’Étranger d’Élée passe en revue dans le Sophiste les diverses théories de l’être que la philosophie de son temps a pu produire, la gigantomachie qui met aux prises les Fils de la Terre et les Amis des Idées retient particulièrement son attention. Dans ce combat, les premiers accordent spontanément le monopole de l’être aux réalités corporelles (et accessoirement tangibles) tandis que les seconds n’admettent pour véritables οὐσίαι que les réalités intelligibles et incorporelles. Entre « matérialistes » et « idéalistes », l’Étranger recherche une sorte de dénominateur commun qui puisse les mettre d’accord. Il propose alors de caractériser l’être par la puissance (247 d-e)." (p. 25)

    (...)

    "Nous nous proposons de reprendre ces deux questions : après avoir rappelé les textes concernés, nous mettrons en lumière certains aspects de l’argument développé en 248 c-e qui laissent à penser que l’Étranger engage délibérément le débat sur une fausse piste, dont le bénéfice attendu est indirect. Piste qu’il abandonne d’ailleurs juste après pour revenir à des considérations plus familières sous la plume de Platon.

    Quant à l’importance et la signification du « critère » de la puissance, elles dépendent en grande partie du mode et de la mesure selon lesquels il est utilisé dans la suite du dialogue. S’il se trouve en effet, comme l’a relevé F. Fronterotta, [*] sollicité dans les analyses centrales sur les très grands genres, c’est toutefois, verrons-nous, moyennant des aménagements conceptuels considérables qui confèrent à l’Être comme genre voyelle un rôle charnière de premier plan que ne pouvait laisser entrevoir le seul passage de 247 e." (p. 27)

    [*] Francesco Fronterotta, « L’être et la participation de l’autre. Une nouvelle ontologie dans le Sophiste », Les Études philosophiques, no 3/1995, 311-353.

  43. ———. 2012. Le Sophiste de Platon. Paris: Presses universitaires de France.

    "Le présent travail est un commentaire suivi du Sophiste. J’ai profité pour sa rédaction de certains de mes travaux antérieurs qui portaient déjà sur ce Dialogue, mais n’en abordaient que des parties ou des aspects singuliers. Ce livre s’en distingue par le souci de restituer au parcours dans lequel l’Étranger entraîne le jeune Théétète toute sa complexité et sa cohérence. La tradition du commentaire est en France peu pratiquée, du moins dans les études platoniciennes, alors qu’elle est florissante outre-Manche. Nos spécialistes ont préféré pour la plupart fournir des Dialogues des traductions amples et informées, nanties de substantielles préfaces, ou bien se consacrer à éclairer tel point du texte, tel concept ou tel élément de doctrine. Mais l’analyse pas à pas du texte, de son argumentation, et de ses silences comme de ses équivoques, est un exercice qui a pratiquement disparu du paysage académique français.(1) Je souhaite proposer une lecture attentive d’une œuvre pourtant déjà surchargée d’interprétations, mais qui pour la plupart ne portent que sur certains passages, toujours les mêmes. On sait pourtant qu’avec un auteur aussi intelligemment retors que Platon, il n’est possible d’offrir quelque clarté supplémentaire sur un texte si saturé et raturé qu’en le mettant en mouvement, ce qui veut dire : le situer dans une progression qui n’est pas nécessairement progrès, le rapprocher d’autres textes dont les perspectives peuvent être différentes tout en étant consonantes, le faire entendre enfin dans ses variations de ton et de visée." (p. 7)

    (1) Exception faite du remarquable ouvrage de Sylvain Delcomminette consacré au Philèbe (Le Philèbe de Platon. Introduction à l’agathologie platonicienne, Leiden/Boston, Brill, 2006) qui, à lui tout seul, en a renouvelé le genre.

  44. Thornton, Anna Maria. 1986. "λόγος-phrase et λόγος-texte chez Platon et Aristote." In Philosophie du langage et grammaire dans l'Antiquité, 165-179. Bruxelles: Ousia.

  45. Vanohutte, M. 1948. "Note sur la communauté des genres dans le « Sophiste »." Revue philosophique de Louvain no. 46:177-187.

    Sommaire : "Le passage du Sophiste (253d5-253e2), où l'on a cru que Platon devait décrire soit les deux opérations de la dialectique, συναγωγή et διαίρεσις, soit la seule συναγωγή, soit toutes autres relations de concepts, ne peut nullement être interprété dans ce sens. Il semble, dans le cadre même du dialogue, qu'il s'agisse plutôt de quatre conceptions différentes de la communauté des genres, qui résument succinctement les positions historiques adoptées par Platon lui-même, les Pluralistes, les Amis des Formes et Parménide."

  46. Vasiliu, Anca. 2001. "Dire l’image ou la parole visible chez Platon (sur le Sophiste, 216a-241e)." Dionysius no. 19:75-111.

    "Le Sophiste introduit dans le discours philosophique un riche vocabulaire qui désigne des copies et des ressemblances de toutes sortes, des simulacres, des apparitions et des phantasmes qui ouvrent une brèche entre être et non-être, un écart à travers lequel s’insinue dans le discours de l’Étranger la multiplicité d’expressions et de définitions possibles de l’image - alors que le philosophe (mais est-ce bien le point de vue de Platon ?) ne visait pas le rôle de l’image dans la connaissance, mais la distinction tranchée entre le vrai et le faux, à travers la complémentarité des définitions de l’être et du non-être." (p. 75)

    (...)

    "L’analyse que nous proposons part du déploiement lexical à travers lequel l’Étranger tente de nommer et donc de circonscrire par/dans la langue l’image « ontique », instrument favori du sophiste. Mais dès l’abord le rapport entre l’image et la parole s’avère ici conflictuel, et il demeurera d’ailleurs sous le signe d’une impossibilité de la rencontre parfaite, voire sous le signe d’une inadéquation ou d’une inappropriation du discours à l’égard du visible : l’image glisse, fugace et furtive comme des reflets sur l’eau, à peine saisis par la rétine, et le langage n’arrive pas à la contenir, ou bien elle se laisse définir, s’adapte même à la définition (tantôt ceci, tantôt cela), et lui échappe aussitôt que l’on croit pouvoir arrêter la « chasse ». De fait, l’image ne peut se dire que par un dédoublement à l’intérieur même de la langue, dédoublement qui reprend, calque la nature même de l’image, sa nature double, sa réflexivité. Le moyen le plus adéquat de l’exprimer serait peut-être celui de la tautologie ou de la « double négation » - en un mot, l’astuce, la mechanè d’une sorte de miroir placé dans un interstice choisi de la langue, une brèche réfléchissante opérée dans son intimité. D’où le recours ardu et néanmoins révélateur au non-être, et par-delà le non-être, au mouvement et au temps, notions étrangères de prime abord à l’image, impropres en apparence à en définir la nature." (pp. 2-3)

  47. ———. 2008. Dire et voir. La parole visible du Sophiste. Paris: Vrin.

    "Au lecteur inquiet de savoir à l’avance ce qu’il aurait à gagner en parcourant ces pages, nous lui livrons un raccourci  : ce livre cherche dans la lecture d’un texte particulier de la philosophie grecque classique réponse à l’étonnement suscité par ce manque de précision apparente de la part de l’expérience la plus commune et la plus souvent évoquée de toutes les expériences diurnes. Il s’adresse, par conséquent, à ceux qui voudraient apprendre à regarder le visible à la manière dont les Anciens en parlent, c’est-à-dire dans la patience d’une vision qui traverse la parole et s’enrichit de l’épaisseur des mots. Mais, si l’objet d’étude de ce travail est un texte historiquement déterminé, le Sophiste de Platon en l’occurrence, notons tout de suite que le regard au sujet duquel est formulée la question de départ, est, lui, un acte indéterminé historiquement. On pourrait définir ce regard, simplement, comme l’acte de recevoir de manière réfléchie le visible en tant que visible. Précisons donc, d’emblée, que cette définition basique du regard est notre définition, tout autant que la lecture du texte platonicien est notre lecture, sans autre but que de répondre à la question du régard et à la nécessité de définir le statut du visible pour la pensée." (pp. 7-8)

  48. ———. 2014. "Le Même et l’Autre et les images. Une lecture de la division des genres dans le Sophiste." Philosophia no. 44:95-136.

  49. Vieillard Baron, Jean-Louis. 2008. "Le même et l'autre, du Sophiste de Platon à la Logique de Hegel." Les Cahiers Philosophiques de Strasbourg:37-51.

  50. Villela-Petit, Maria. 1991. "La question de l'image artistique dans le Sophiste." In Études sur le Sophiste de Platon, edited by Aubenque, Pierre, 55-90. Napoli: Bibliopolis.

    "Si, avec Stanley Rosen, nous admettons que dans le Sophiste Platon met en scène «le drame de l'original et de l'image»(1), nous devons aussitôt constater qu'il y fait jouer à l'image artistique un rôle clef. De quelle expérience du monde grec et de son art un tel "rôle" porte-t-il la trace? Comment se fait-il, en effet, que Platon choisisse tantôt l'art du peintre, tantôt l'art du sculpteur (et nous verrons que cette différence n'est pas insignifiante) comme l'analogon le mieux à même de faire saisir non seulement le sophiste et son activité mais aussi la distinction entre le sophiste et le philosophe ?

    Pour déployer ce genre de questionnement nous sommes certes redevables à la tradition déjà longue constituée par ceux qui, frappés par l'abondance d'allusions à l'art dans les dialogues, ont essayé d'éclairer, à partir d'une confrontation entre le corpus et les autres documents disponibles, le rapport de Platon à l'art, ou plutôt aux arts, en particulier à la peinture et à la sculpture." (p. 55)

    (1) S. Rosen, Plato's 'Sophist': the drama of original and image, New Haven & London, 1983.

  51. Wolff, Francis. 1991. "Le chasseur chassé. Les définitions du sophiste." In Études sur le Sophiste de Platon, edited by Aubenque, Pierre, 19-52. Napoli: Bibliopolis.

    "On se propose d’analyser ici la structure et l’objet des “définitions” initiales du Sophiste dans le dialogue homonyme (222 A-232 a). Quelle est leur fonction dans l’économie du dialogue, voire dans celle de la trilogie inachevée (Sophiste, Politique, Philosophe) ? Qui définissent-elles et comment ? Sont-elles des définitions et pourquoi ? En revanche les problèmes liés à la méthode de la division (son principe et son but, son rapport avec les autres “méthodes” platoniciennes, sa place dans l’évolution de la dialectique, dans “l’histoire de la logique” etc...) seront largement laissés de côté: ce sont eux qui ont généralement retenu l’attention des rares commentateurs du Sophiste qui se soient arrêtés à ce texte." (p. 19)

    (...)

    "Nous revoilà face à nos trois genres suprêmes et leurs gardiens: le Sophiste du Non-Etre, c’est-à-dire de l’Autre, le Politique du Même, le Philosophe de l’Etre. Leur compétence universelle leur est aussi mutuellement nécessaire que celle des trois genres maximes - qui se mêlent à tous les autres - est nécessaire à tout “dire”.

    Concernant le Politique et le Philosophe, rappelons seulement que le Philosophe est dit explicitement avoir l’Etre pour résidence (254 A); et que dans le Politique, mais surtout dans la République, le rôle architectonique du Politique, par rapport à toutes les autres pratiques, consiste dans le fait qu’il est le garant de l’identité du tout par la pureté des parties. Quant au Sophiste, on sait qu’il habite le Non-Etre (254 A), et on ne manque pas de nous rappeler (258 B) que c’est à cause de lui qu’on cherche ce Non-Etre. Mais d’une manière plus générale, n’est-ce pas la leçon de tout le dialogue de montrer que le Non-Etre est possible d’une part, qu’il est nécessaire d’autre part : il est possible comme Autre, genre suprême, il est nécessaire pour que le “contredire”, et donc aussi le “dire”, soient possibles. De la même façon, de toute compétence, si générale soit-elle, s’origine une pratique sophistique. Derrière tout politique ou tout philosophe, il y a sans doute un sophiste. Car le Sophiste est le genre même qui redouble tous les autres et son être (comme celui du Non-Etre) n’est rien d’autre que d’être l’Autre de tous les autres. Qui sait même si l’intention de la trilogie n’était pas de montrer cette nécessité où se trouvent le Politique comme le Philosophe de leur Autre, le Sophiste, pour que chacun d’eux soit ce qu’il est, c’est-à-dire pour que chacun soit, tout court." (pp. 51-52)

  52. Zaks, Nicolas. 2014. "Être et non-être dans la République (livre V) et dans le Sophiste " Zetesis - Ζήτησις : Actualités scientifiques en philosophie ancienne et sciences de l'Antiquité no. 4:1-16.

    Résumé : "À la fin du livre V de la République, Socrate démontre patiemment à Glaucon, porte-parole désigné des amateurs de spectacles, que seuls les objets de la connaissance sont pleinement, alors que ceux de la doxa participent à l’être et au non-être. Dans le Sophiste, l’Étranger, pour capturer le sophiste, se voit dans l’obligation, contre Parménide, de reconnaître l’être, d’une certaine manière, du non-être, dans la mesure où chaque Forme, étant autre que n’importe quelle Forme, n’est pas cette Forme. Les analyses du Sophiste viennent-elles bouleverser la conception de l’être établie dans la République ? Après avoir présenté une interprétation du texte difficile et controversé de la République, interprétation dégageant du texte les critères de détermination et d’identité à soi comme caractérisant les objets de la connaissance, on démontre la compatibilité de ces enseignements avec les analyses ontologiques menées dans le Sophiste : la participation à l’Autre et au non-être ne nuit pas à la pleine détermination d’une Forme, mais au contraire y contribue, et elle ne trouble pas l’identité à soi de cette Forme, car elle implique une altérité non pas par rapport à soi-même mais par rapport aux autres."

  53. ———. 2016. "À quel logos correspond la συμπλοκὴ τῶν εἰδῶν du Sophiste ?" Revue de Philosophie Ancienne no. 34:37-59.

    Résumé : "Cet article est consacré au problème du rapport entre l’entrelacement des genres (συμπλοκὴ τῶν εἰδῶν) et le logos dans le Sophiste. Après avoir brièvement présenté le problème, je discute, dans la première partie, différentes solutions proposées par les commentateurs. Je cherche à montrer qu’aucune de ces solutions n’est pleinement satisfaisante.

    Dans la deuxième partie, je propose une nouvelle solution au problème de la συμπλοκὴ τῶν εἰδῶν fondée sur une distinction entre deux types de logos, le logos dialectique et le logos doxique. Dans la troisième partie, je cherche à justifier textuellement cette solution en recourant à la fois au texte du Sophiste lui-même et à la dernière partie du Théétète. Dans ma conclusion, je suggère que la distinction entre logos dialectique et logos doxique correspond à une différence qui traverse toute l’œuvre de Platon, à savoir la différence entre connaissance et opinion."

  54. ———. 2017. "Science de l’entrelacement des formes, science suprême, science des hommes libres : la dialectique dans le Sophiste 253b-254b." Elenchos.Rivista di Studi sul Pensiero Antico no. 38:61-81.

    Abstract: "Despite intensive exegetical work, Plato’s description of dialectic in the Sophist still raises many questions. Through a close reading of this passage that contextualizes it in the general organisation of the Sophist, this paper provides answers to these questions. After presenting the difficult text, I contend that the “vowel-kinds” are necessary (but not individually sufficient) conditions for the blending of kinds. Then, I interpret the “cause of divisions” mentioned by the Stranger as the kinds responsible of the dichotomous division in the first half of the dialogue. In the next part, I show that 235d5-e2 does not describe a procedure of “meta-divison” as some commentators have it, but that it describes the method of division itself. Finally, I connect the difficulty and the obscurity of the passage to the fact that dialectic is the supreme science and I explain why dialectic is the science of free men."

  55. Ziermann, Christoph. 2011. "La négativité de l'être chez Platon." In Plato's Sophist: Proceedings of the Seventh Symposium Platonicum Pragense, edited by Havlíček, Aleš and Karfík, Filip, 240-277. Praha: Oikoymenh.